Vous avez regarder le segment de La Semaine verte me présentant en plein reportage sur le Cerf de Virginie et son impact sur nos forêts. Le premier segment de mon bédéreportage paraîtra dans la revue Planches plus tard cet automne. En voici un court extrait.
Auteur : martinpm
Le journalisme en BD
J’ai eu l’occasion de discuter de ma démarche de bédéiste documentariste et journaliste avec l’équipe de La Semaine verte. Nous sommes allés ensemble sur le terrain, pour la réalisation de mon prochain reportage pour la revue Planches sur l’impact du Cerf de Virginie sur les forêts du sud du Québec. L’équipe m’a ensuite suivi à mon atelier pour filmer mes étapes de travail.
Vous pouvez aussi le visionner sur le site de Radio-Canada et su ICI Tou.TV.
L’accès à l’information dont vous êtes le héros
La revue Planches, magazine québécois de bandes dessinées, est de retour en force! J’y reviens en tenant une nouvelle chronique Environnement, créée dans une démarche journalistique. Ma première chronique est parue dans le numéro 19 – été 2024, que vous pouvez vous procurer ici. Il y est question du difficile accès à l’information environnementale.
Au Québec, malgré une loi qui donne en principe accès à une panoplie de documents gouvernementaux, les citoyen·ne·s et les journalistes se butent bien souvent à l’opacité des prises de décisions. En extrait, les deux premières pages:
Les olympiques de la glycémie
Nouvelle collaboration, nouvelle BD avec le Centre de recherche sur le vieillissement du CIUSSS de l’Estrie – CHUS. J’ai eu le plaisir d’illustrer les travaux de recherche de Renaud Tremblay sur le contrôle de la glycémie par l’activité physique, qui cadre bien dans le contexte olympique.
Festival international de journalisme de Carleton-sur-Mer
J’ai eu l’honneur d’être invité à la 2e édition du Festival international de journalisme de Carleton-sur-Mer en Gaspésie. C’est un évènement riche en contenu et en échanges, qui regroupe autant les profesionnel·le·s de l’information que le grand public. J’ai pu y discuter de l’évolution du journalisme en BD au Québec, à travers ma plus récente enquête en BD, Un Sacrifice tout naturel.
Comme je le fais parfois pendant les évènements, je me suis amusé à croquer quelques moments marquants. À l’année prochaine!
L’autonomie: tout le monde en bénéficie
J’ai eu le plaisir de collaborer au cours des derniers mois avec l’Observation de l’ACA (Action communautaire autonome) pour vulgariser en bande dessinée les bénéfices de l’autonomie du mouvement communautaire québécois. En voici quelques extraits. Vous pouvez lire l’ensemble dans les cahiers Autonomie, tout le monde en bénéficie, que l’Observatoire a publiés.
L’Illustre recherche 2024
Cette année encore, j’ai réalisé une BD de vulgarisation pour le projet «L’Illustre recherche» de la FAÉCUM.
Cette année, un sujet de recherche que j’ai trouvé particulièrement important: la «coercition informelle» en milieu de soins psychiatriques. La BD s’intitule «Briser les chaînes invisibles». C’est une question complexe et délicate sur laquelle le doctorant Vincent Billé se penche avec une patiente partenaire, Julie Tansey, qui ont participé avec moi à la cocréation.
Tournée européenne
De retour d’une courte tournée européenne en France et en Suisse. Des rencontres fécondes, autant dans le milieu de la recherche universitaire et de la vulgarisation scientifique à Lyon, Besançon, Montbéliard et Zurich, que dans le monde de la bande dessinée à Lausanne.
Merci encore au BDFIL pour l’invitation et l’accueil! D’ailleurs, mon plus récent livre, Un Sacrifice tout naturel, est désormais disponible partout en Europe via la Librairie du Québec à Paris. Vous pouvez le commander directement en ligne ou avec votre libraire.
Quelques souvenirs de la tournée…
La fatigue du changement d’heure
J’ai beaucoup de plaisir à illustrer cette jeune chronique L’Écho du labo dans le magazine Québec science. À l’approche du passage à l’heure avancée d’été, vous pouvez lire celle de mars 2024, de Roger Godbout de l’Université de Montréal et Joseph De Koninck de l’Université d’Ottawa.
La carte comme outil de vulgarisation
Est-ce qu’on mélange des pommes, des bananes et des oranges? Avec tout ce qu’on entend au Québec concernant le dossier Northvolt, il est parfois difficile de s’y retrouver. Pas le même site pour l’usine de batteries autorisée et le projet immobilier refusé? Pas le même emplacement?
J’ai donc consulté les documents rendus publics, dont les cartes des projets et des milieux humides. J’ai géoréférencé le tout dans QGIS et je vous ai préparé un petit gif animé. Trêve de BD et d’illustrations pour une très rare fois sur ce blogue, mais ça demeure de la vulgarisation!
Le projet Northvolt est une grande usine de batterie promue pour la transition énergétique et qui s’installera sur un ancien site industriel qui a été en bonne partie décontaminé et renaturalisé. Ce dernier point aurait pu être une bonne nouvelle pour l’objectif de restauration de 30 % des habitats dégradées, adopté lors de la COP15 à Montréal (lire cette capsule BD sur les objectifs de la COP15). Je publie ci-dessous une comparaison succincte des impacts des deux projets sur les milieux naturels, dont une partie provient d’une publication que j’avais déjà mise en ligne sur LinkedIn. (Vous pouvez aussi lire la comparaison des deux projets qu’a fait Thomas Gerbet pour Radio-Canada.)
Globalement, le site de Northvolt est beaucoup plus vaste que celui du projet immobilier MC2: environ 101 ha contre 38 ha si on considère seulement les zones hachurées sur les cartes. Ce sont celles qui représentent l’empiètement permanent des projets.
Le projet Northvolt empiète donc beaucoup plus sur les milieux naturels, dont sur les milieux humides auxquels le ministère de l’Environnement (MELCCFP) prête une attention particulière dans ses analyses. Les milieux humides n’ont pas nécessairement la même valeur écologique et la même importance. Mais n’oublions pas le contexte: le projet se situe en Montérégie, dans un bassin versant très dégradé où il reste moins de 5 % de milieux humides. Donc, tous les milieux humides restant sont importants.
Toutefois, avant d’aller plus loin, notons le manque d’information disponible sur le projet Northvolt. Ce qui a été autorisé n’est qu’une première phase du projet. Cet aspect a d’ailleurs été critiqué au sein même du ministère de l’Environnement. Une carte préparée pour une étude géotechnique par WSP, un des consultants de Northvolt, montre une phase 2 du projet qui empiète encore davantage sur les milieux naturel (carte ci-dessus). Pour l’instant, le ministère refuse de dévoiler plus d’information sur la 2e phase (voir cette demande d’accès à l’information refusée à Alexandre Shields du Devoir). La configuration du projet a vraisemblablement changée, car le positionnement exact de la phase 1 n’est pas le même sur cette carte et dans le rapport d’analyse du ministère (carte ci-dessous).
Mais qu’en sera-t-il, à terme, de cette phase 2? Est-ce que les milieux naturels actuellement évités le seront aussi par cette nouvelle phase? Pour l’instant, je m’attarde à ce qui a été clairement établi dans les rapports d’analyses du ministère pour la première autorisation de Northvolt et pour le refus du projet MC2.
Habitat du Petit blongios
Le projet Northvolt évite les deux marécages arborescents (en rose sur la carte ci-dessus) qui constituent l’habitat du Petit blongios, une espèce d’oiseau migrateur désignée «vulnérable» au Québec. Toutefois, le projet d’usine de batteries empiétera sur 38 % de la zone tampon de 500 m exigé par le ministère (à noter que le ministère s’était préalablement entendu en août 2023 avec Northvolt sur un plan directeur de l’usine qui évitait 100% du tampon, mais que le promoteur a changé son plan en cours de route). Le projet MC2 faisait encore pire, en empiétant directement sur les deux marécages, les détruisant sur 66 % de leur superficie.
Le grand marécage arborescent MH17/MH508
Dans son analyse du projet MC2, le ministère insiste beaucoup sur le milieu humide « MH17 », un vaste marécage arborescent, hétérogène, à la flore variée (le marécage orange le plus au nord du site, sur les deux cartes précédentes). Ce marécage constitue entre autres un habitat intéressant pour les espèces d’oiseaux et de chauve-souris. Le projet immobilier MC2 prévoyait sa destruction totale. Dans son rapport, le ministère critiquait son promoteur qui n’en a pas fait suffisamment pour éviter ce milieu important. Il s’agit d’un argument parmi d’autres justifiant le refus d’autorisation du projet immobilier.
Le projet Northvolt prévoit aussi la destruction totale de ce marécage, renommée « MH508 » dans le cas de l’usine de batteries. Selon le rapport du consultant CIMA+, ce marécage présente des fonctions écologiques élevées: strates de végétations fournies et variées, importantes pour la conservation de la biodiversité; fonction élevée d’écran solaire et de brise-vent; séquestration du carbone élevée, contribution élevée à la qualité du paysage. Il est peu perturbé et exempt d’espèces exotiques envahissantes.
Pourtant, dans son rapport d’analyse du projet Northvolt, le ministère ne fait aucune mention de ce marécage MH17/MH508, qui sera pourtant totalement détruit par le projet. Il en avait pourtant parlé longuement dans sa critique du projet MC2.
Habitat des tortues peintes, serpentines et molles à épine
Finalement, le projet MC2 prévoyait la destruction de deux milieux humides, dont un étang, servant d’habitat pour trois espèces de tortues (les milieux humides en vert sur les cartes précédentes). Dans son cas, Northvolt évite un de ces deux milieux et détruit l’autre. En compensation de la perte de ce dernier, Northvolt s’est engagé à faire approuver un projet de compensation et à le réaliser d’ici 2029. On sait comment les projets de compensation peuvent être hasardeux et que l’évitement doit être privilégié (lire cette capsule BD sur les enjeux de la compensation de milieux naturels).
Conclusion
Ces trois exemples sont les plus frappants au premier coup d’oeil. Il y en aurait d’autres. Il y a une panoplie d’autres milieux naturels affectés par le projet Northvolt, dont des milieux qui ne détiennent pas de protection aussi formelle que les milieux humides et hydriques, mais qui peuvent être aussi importants pour la conservation de la faune et de la flore. Par exemple, le ministère juge que «le projet entraîne la perte d’habitat pour la faune sur plus de 95 ha de milieux naturel (environ 81 ha de milieux terrestres et 14 ha de milieux humides). Cette superficie représente 56 % du site. La superficie des milieux naturels résiduels de 76 ha ne serait pas suffisante pour maintenir les fonctions essentielles au soutien de la biodiversité faunique locale et régionale [je souligne], en l’occurrence la faune aviaire [oiseaux], les tortues et les chiroptères [chauves-souris].» D’autres enjeux n’ont pas encore été pris en compte dans le cadre de cette première autorisation, notamment les impacts potentiels du pompage et du rejet d’eaux de refroidissement sur le Chevalier cuivrée, une espèce endémique menacée.
La destruction d’un milieu naturel demeure une destruction, peu importe la nature du projet. Cela dit, il peut être plus justifiable pour la société d’accepter, à contrecoeur, la destruction d’un milieu naturel pour un projet d’utilité publique qui ne peut être localisé ailleurs. Est-ce que le projet Northvolt est d’utilité publique et prioritaire? Existe-t-il des sites alternatifs d’implantation où un tel projet affecterait moins la biodiversité? Dans un contexte où il reste moins 5% de milieux humides dans ce bassin versant? Dans un contexte où les engagements internationaux de la COP15 visent la restauration des 30% de milieux naturels dégradés d’ici 2030? La démonstration ne semble pas avoir été faite.
Lien vers les cartes
Les cartes que j’ai créées sont sous licence CC BY-NC-SA, vous pouvez donc les partager où bon vous semble selon les termes de cette licence. Tous les fichiers, dont les cartes statiques du gif animé, sont disponibles ici.
En savoir plus…
Si vous voulez en apprendre plus sur mon travail et creuser davantage les enjeux de biodiversité, je vous invite à lire mon enquête en BD, Un Sacrifice tout naturel, sur les ratées de la protection de la biodiversité au Québec. Un coédition de La Pastèque et d’Atelier 10.
Vous pouvez aussi relire toutes mes capsules BD sur la COP15.
Références
Ce travail de cartographie et d’analyse repose principalement sur les documents rendus publics sur le registre des Réponses aux demandes d’accès aux documents du ministère de l’Environnement (ce registre étant un véritable fouillis, je vous recommande fortement d’utiliser une recherche Google ciblée sur le site).
- Le rapport d’analyse environnementale accompagnant l’autorisation du projet Northvolt (probablement le document le plus digeste et résumant le plus simplement les enjeux);
- L’avis faunique du MELCCFP critiquant plusieurs aspects du projet Northvolt;
- Un document touffu (2 400 pages) regroupant le certificat d’autorisation du projet Northvolt, émis par le ministère; les rapports d’inventaires des milieux naturels par la firme CIMA+; les rapports de réhabilitation des terrains contaminés, etc.
- J’attire particulièrement votre attention sur les pages 768 à 809 où on retrouve des questions du ministères, auxquels le consultant et le promoteur ne répondent que partiellement. On retrouve des notes de l’analyste en rouge, qui corrige les calculs du consultant, aux pages 782 à 788.
- Une rectification à l’autorisation ministérielle;
- Le rapport d’analyse appuyant le refus du projet MC2.
(Merci à Audréanne Loiselle pour l’épluchage de documents, les réflexions et certaines révisions.)