Cette bande dessinée vise à mieux comprendre cette technologie et son utilisation. Elle facilite l’ouverture du dialogue sur le fonctionnement et les modalités d’utilisation, permettant ainsi de mieux moduler les attentes envers la technologie des personnes utilisatrices.
Nouvelle collaboration, nouvelle BD avec le Centre de recherche sur le vieillissement du CIUSSS de l’Estrie – CHUS. J’ai eu le plaisir d’illustrer les travaux de recherche de Renaud Tremblay sur le contrôle de la glycémie par l’activité physique, qui cadre bien dans le contexte olympique.
De retour d’une courte tournée européenne en France et en Suisse. Des rencontres fécondes, autant dans le milieu de la recherche universitaire et de la vulgarisation scientifique à Lyon, Besançon, Montbéliard et Zurich, que dans le monde de la bande dessinée à Lausanne.
Merci encore au BDFIL pour l’invitation et l’accueil! D’ailleurs, mon plus récent livre, Un Sacrifice tout naturel, est désormais disponible partout en Europe via la Librairie du Québec à Paris. Vous pouvez le commander directement en ligne ou avec votre libraire.
Est-ce qu’on mélange des pommes, des bananes et des oranges? Avec tout ce qu’on entend au Québec concernant le dossier Northvolt, il est parfois difficile de s’y retrouver. Pas le même site pour l’usine de batteries autorisée et le projet immobilier refusé? Pas le même emplacement?
J’ai donc consulté les documents rendus publics, dont les cartes des projets et des milieux humides. J’ai géoréférencé le tout dans QGIS et je vous ai préparé un petit gif animé. Trêve de BD et d’illustrations pour une très rare fois sur ce blogue, mais ça demeure de la vulgarisation!
Le projet Northvolt est une grande usine de batterie promue pour la transition énergétique et qui s’installera sur un ancien site industriel qui a été en bonne partie décontaminé et renaturalisé. Ce dernier point aurait pu être une bonne nouvelle pour l’objectif de restauration de 30 % des habitats dégradées, adopté lors de la COP15 à Montréal (lire cette capsule BD sur les objectifs de la COP15). Je publie ci-dessous une comparaison succincte des impacts des deux projets sur les milieux naturels, dont une partie provient d’une publication que j’avais déjà mise en ligne sur LinkedIn. (Vous pouvez aussi lire la comparaison des deux projets qu’a fait Thomas Gerbet pour Radio-Canada.)
Globalement, le site de Northvolt est beaucoup plus vaste que celui du projet immobilier MC2: environ 101 ha contre 38 ha si on considère seulement les zones hachurées sur les cartes. Ce sont celles qui représentent l’empiètement permanent des projets.
Le projet Northvolt empiète donc beaucoup plus sur les milieux naturels, dont sur les milieux humides auxquels le ministère de l’Environnement (MELCCFP) prête une attention particulière dans ses analyses. Les milieux humides n’ont pas nécessairement la même valeur écologique et la même importance. Mais n’oublions pas le contexte: le projet se situe en Montérégie, dans un bassin versant très dégradé où il reste moins de 5 % de milieux humides. Donc, tous les milieux humides restant sont importants.
WSP, octobre 2023. NEW QUEBEC BATTERY PLANT PRELIMINARY GEOTECHNICAL INVESTIGATION (PREFEASABILITY STUDY) – NORTHVOLT AB. APPENDIX B – SITE LOCATION [carte disponible à la page 2197 de ce document rendu public par le MELCCFP ici.]
Toutefois, avant d’aller plus loin, notons le manque d’information disponible sur le projet Northvolt. Ce qui a été autorisé n’est qu’une première phase du projet. Cet aspect a d’ailleurs été critiqué au sein même du ministère de l’Environnement. Une carte préparée pour une étude géotechnique par WSP, un des consultants de Northvolt, montre une phase 2 du projet qui empiète encore davantage sur les milieux naturel (carte ci-dessus). Pour l’instant, le ministère refuse de dévoiler plus d’information sur la 2e phase (voir cette demande d’accès à l’information refusée à Alexandre Shields du Devoir). La configuration du projet a vraisemblablement changée, car le positionnement exact de la phase 1 n’est pas le même sur cette carte et dans le rapport d’analyse du ministère (carte ci-dessous).
(Carte tirée de la page 847 de ce document rendu public par le MELCCFP ici.)
Mais qu’en sera-t-il, à terme, de cette phase 2? Est-ce que les milieux naturels actuellement évités le seront aussi par cette nouvelle phase? Pour l’instant, je m’attarde à ce qui a été clairement établi dans les rapports d’analyses du ministère pour la première autorisation de Northvolt et pour le refus du projet MC2.
Habitat du Petit blongios
Le projet Northvolt évite les deux marécages arborescents (en rose sur la carte ci-dessus) qui constituent l’habitat du Petit blongios, une espèce d’oiseau migrateur désignée «vulnérable» au Québec. Toutefois, le projet d’usine de batteries empiétera sur 38 % de la zone tampon de 500 m exigé par le ministère (à noter que le ministère s’était préalablement entendu en août 2023 avec Northvolt sur un plan directeur de l’usine qui évitait 100% du tampon, mais que le promoteur a changé son plan en cours de route). Le projet MC2 faisait encore pire, en empiétant directement sur les deux marécages, les détruisant sur 66 % de leur superficie.
Le grand marécage arborescent MH17/MH508
Dans son analyse du projet MC2, le ministère insiste beaucoup sur le milieu humide « MH17 », un vaste marécage arborescent, hétérogène, à la flore variée (le marécage orange le plus au nord du site, sur les deux cartes précédentes). Ce marécage constitue entre autres un habitat intéressant pour les espèces d’oiseaux et de chauve-souris. Le projet immobilier MC2 prévoyait sa destruction totale. Dans son rapport, le ministère critiquait son promoteur qui n’en a pas fait suffisamment pour éviter ce milieu important. Il s’agit d’un argument parmi d’autres justifiant le refus d’autorisation du projet immobilier.
Le projet Northvolt prévoit aussi la destruction totale de ce marécage, renommée « MH508 » dans le cas de l’usine de batteries. Selon le rapport du consultant CIMA+, ce marécage présente des fonctions écologiques élevées: strates de végétations fournies et variées, importantes pour la conservation de la biodiversité; fonction élevée d’écran solaire et de brise-vent; séquestration du carbone élevée, contribution élevée à la qualité du paysage. Il est peu perturbé et exempt d’espèces exotiques envahissantes.
Pourtant, dans son rapport d’analyse du projet Northvolt, le ministère ne fait aucune mention de ce marécage MH17/MH508, qui sera pourtant totalement détruit par le projet. Il en avait pourtant parlé longuement dans sa critique du projet MC2.
Habitat des tortues peintes, serpentines et molles à épine Finalement, le projet MC2 prévoyait la destruction de deux milieux humides, dont un étang, servant d’habitat pour trois espèces de tortues (les milieux humides en vert sur les cartes précédentes). Dans son cas, Northvolt évite un de ces deux milieux et détruit l’autre. En compensation de la perte de ce dernier, Northvolt s’est engagé à faire approuver un projet de compensation et à le réaliser d’ici 2029. On sait comment les projets de compensation peuvent être hasardeux et que l’évitement doit être privilégié (lire cette capsule BD sur les enjeux de la compensation de milieux naturels).
Conclusion Ces trois exemples sont les plus frappants au premier coup d’oeil. Il y en aurait d’autres. Il y a une panoplie d’autres milieux naturels affectés par le projet Northvolt, dont des milieux qui ne détiennent pas de protection aussi formelle que les milieux humides et hydriques, mais qui peuvent être aussi importants pour la conservation de la faune et de la flore. Par exemple, le ministère juge que «le projet entraîne la perte d’habitat pour la faune sur plus de 95 ha de milieux naturel (environ 81 ha de milieux terrestres et 14 ha de milieux humides). Cette superficie représente 56 % du site. La superficie des milieux naturels résiduels de 76 ha ne serait pas suffisante pour maintenir les fonctions essentielles au soutien de la biodiversité faunique locale et régionale [je souligne], en l’occurrence la faune aviaire [oiseaux], les tortues et les chiroptères [chauves-souris].» D’autres enjeux n’ont pas encore été pris en compte dans le cadre de cette première autorisation, notamment les impacts potentiels du pompage et du rejet d’eaux de refroidissement sur le Chevalier cuivrée, une espèce endémique menacée.
La destruction d’un milieu naturel demeure une destruction, peu importe la nature du projet. Cela dit, il peut être plus justifiable pour la société d’accepter, à contrecoeur, la destruction d’un milieu naturel pour un projet d’utilité publique qui ne peut être localisé ailleurs. Est-ce que le projet Northvolt est d’utilité publique et prioritaire? Existe-t-il des sites alternatifs d’implantation où un tel projet affecterait moins la biodiversité? Dans un contexte où il reste moins 5% de milieux humides dans ce bassin versant? Dans un contexte où les engagements internationaux de la COP15 visent la restauration des 30% de milieux naturels dégradés d’ici 2030? La démonstration ne semble pas avoir été faite.
Lien vers les cartes
Les cartes que j’ai créées sont sous licence CC BY-NC-SA, vous pouvez donc les partager où bon vous semble selon les termes de cette licence. Tous les fichiers, dont les cartes statiques du gif animé, sont disponibles ici.
En savoir plus…
Si vous voulez en apprendre plus sur mon travail et creuser davantage les enjeux de biodiversité, je vous invite à lire mon enquête en BD, Un Sacrifice tout naturel, sur les ratées de la protection de la biodiversité au Québec. Un coédition de La Pastèque et d’Atelier 10.
Ce travail de cartographie et d’analyse repose principalement sur les documents rendus publics sur le registre des Réponses aux demandes d’accès aux documents du ministère de l’Environnement (ce registre étant un véritable fouillis, je vous recommande fortement d’utiliser une recherche Google ciblée sur le site).
Le rapport d’analyse environnementale accompagnant l’autorisation du projet Northvolt (probablement le document le plus digeste et résumant le plus simplement les enjeux);
L’avis faunique du MELCCFP critiquant plusieurs aspects du projet Northvolt;
Un document touffu (2 400 pages) regroupant le certificat d’autorisation du projet Northvolt, émis par le ministère; les rapports d’inventaires des milieux naturels par la firme CIMA+; les rapports de réhabilitation des terrains contaminés, etc.
J’attire particulièrement votre attention sur les pages 768 à 809 où on retrouve des questions du ministères, auxquels le consultant et le promoteur ne répondent que partiellement. On retrouve des notes de l’analyste en rouge, qui corrige les calculs du consultant, aux pages 782 à 788.
Voici les liens vers les principales entrevues que j’ai accordées dans la foulée du lancement de mon livre Un Sacrifice tout naturel sur les ratées de la protection des la biodiversité au Québec, une enquête journalistique en bande dessinée (je mettrai à jour régulièrement cet article).
C’est officiel, mon prochain livre sera officiellement lancé à Montréal le 15 février prochain, de 17h à 19h, à la boutique d’Atelier 10. Au plaisir de vous y voir! Voici un aperçu livre. Vous pouvez lire les extraits en plein format ici.
Résumé du livre:À Saint-Jérôme, un projet d’écoquartier menace la forêt du Lac Jérôme; à Notre-Dame-de-l’Île-Perrot, un lotissement est en cours de construction dans le secteur du boisé Saint-Alexis; sur les flancs du Mont Saint Bruno, des citoyens défendent le Boisé des Hirondelles contre un développement immobilier depuis bientôt 15 ans. Alors que le déclin de la biodiversité s’accélère et que les experts réunis lors de la COP15 tirent le signal d’alarme, le grignotage des milieux naturels se poursuit pourtant à un rythme effréné dans la province.
Biologiste et ancien employé du ministère de l’Environnement, Martin PM a décidé d’enquêter sur les modalités d’autorisation de ces chantiers qui empiètent petit à petit sur la nature québécoise, peu importe la rareté et la valeur des écosystèmes qu’ils détruisent. Aux côtés des citoyens et citoyennes qui militent contre le déboisement de leurs coins de verdure, il se heurte aux lenteurs et aux paradoxes des institutions supposées protéger nos milieux naturels, et démontre qu’elles sont toujours inféodées à la sacro-sainte croissance.
M’inviter à une activité publique: si vous êtes à l’extérieur de Montréal, n’hésitez pas à m’écrire si vous voulez tenir une activité publique autour de mon reportage et au sujet de la protection de la biodiversité. J’ai déjà quelques visites prévues dans des cégeps et des universités.
Précommande: il est possible de réserver le livre avant sa sortie.
Commande: le livre est dès maintenant disponible dans toutes les librairies au Québec (détails à venir pour sa sortie en Europe).
J’ai eu le plaisir d’illustrer cette carte de souhaits de fin d’année pour un des vice-rectorats de l’Université de Montréal. J’ai décidé de me lancer dans une sorte de cherche-et-trouve ludique. En vous souhaitant, à vous aussi, une bonne année 2024!
Après quatre d’absence (pandémie et petite pause professionnelle), je serai de retour à Expozine, la grande foire montréalaise de la microédition, ces 2 & 3 décembre! En très bonne compagnie en plus, partageant ma table avec la talentueuse Lucile Bernard.
Au menu: zines, autocollants, cartes de Noël à saveur scientifique, etc. J’ai mis à jour ma boutique Etsy pour ceux et celles qui ne pourront pas s’y rendre.
J’ai le plaisir de vous annoncer que mon prochain livre partira sous presse dans les prochains jours. Sa sortie officielle était initialement prévue en novembre 2023, mais elle a été repoussée à février 2024. (MÀJ: le livre est désormais disponible en librairie) D’ici là, voici quelques extraits des planches finales et un peu plus de détails sur ce projet dont je vous ai partagés les dessous d’enquête au fil des derniers mois.
À Saint-Jérôme, un projet d’écoquartier menace la forêt du Lac Jérôme ; à Notre-Dame-de-l’Île-Perrot, un lotissement est en cours de construction dans le secteur du boisé Saint-Alexis; sur les flancs du Mont Saint Bruno, des citoyens défendent le Boisé des Hirondelles contre un développement immobilier depuis bientôt 15 ans. Alors que le déclin de la biodiversité s’accélère et que les experts réunis lors de la COP15 tirent le signal d’alarme, le grignotage des milieux naturels se poursuit pourtant à un rythme effréné dans la province.
Biologiste et ancien employé du ministère de l’Environnement, Martin PM a décidé d’enquêter sur les modalités d’autorisation de ces chantiers qui empiètent petit à petit sur la nature québécoise, peu importe la rareté et la valeur des écosystèmes qu’ils détruisent. Aux côtés des citoyens et citoyennes qui militent contre le déboisement de leurs coins de verdure, il se heurte aux lenteurs et aux paradoxes des institutions supposées protéger nos milieux naturels, et démontre qu’elles sont toujours inféodées à la sacro-sainte croissance.
Un sacrifice tout naturel – Les ratées de la protection de la biodiversité au Québec est le fruit d’une enquête journalistique que j’ai menée pendant plus de deux ans, comprenant plusieurs dizaines d’entrevues, de nombreuses visites sur le terrain, 80 demandes d’accès à l’information et l’analyse de plusieurs bases de données. Cette bande dessinée sera publiée dans la collection Journalisme9, coéditée par La Pastèque et Atelier 10.
J’ai eu le plaisir d’illustrer le recueil de «Racontez-moi… 30 ans de vulgarisation scientifique» célébrant les 30 ans du concours de vulgarisation de l’ACFAS. Je n’y ai jamais participé moi-même, mais j’agis comme formateur et accompagnateur depuis 2015 pour le format bande dessinée.
Je donnerai d’ailleurs une formation vendredi le 20 octobre. Et je serai accompagnateur au Vulgarisathon.
Le recueil comprend d’ailleurs deux BD lauréates des dernières années. Je vous invite à le parcourir, la version numériqueest disponible gratuitement. Bonne lecture!